Depuis le succès de la saga Harry Potter, la littérature pour adolescents suit régulièrement des tendances apportées par un ouvrage de référence qui connait le succès avant d’engendrer sa propre tendance. La saga Twilight aura, par exemple, contribué à lancer un genre à part entière : la bit-lit. Mais les vampires sont déjà dépassés et le genre qui cartonne en ce moment prend le doux nom de dystopie. Qu’est-ce qui se cache derrière ce nom ? C’est à lire ici.
La dystopie : no future !
Le genre dysopique se tient à l’opposé de l’utopie. Là où l’utopie cherche à imaginer un monde parfait où tous les hommes sont égaux et vivent un parfait bonheur, la dystopie a une tendance plutôt marquée au pessimisme. Dans la littérature dystopique, les humains vivent souvent dans des conditions bien pires que dans la pire des réalités.
Roman de référence du genre, 1984 dépeint un monde totalitaire où la liberté est absente et la liberté d’expression, un mot vulgaire. Sous la surveillance constante d’un leader omnipotent qui gère les vies de chacun : Big Brother. Ce roman publié en 1949 préfigure déjà des problèmes dont on fait l’expérience aujourd’hui comme la télésurveillance ou le culte de la personnalité propre à plus d’un dictateur dans le monde.
Car la dystopie cherche, à la manière d’un roman de science-fiction sociale, à pointer du doigt les pires parties de la nature humaine et les risques d’une vie en société de plus en plus privée de choix. D’ailleurs, n’allez pas croire que tous ces romans présentent des dictatures cherchant l’asservissement de la race humaine : il n’est pas rare que la situation extrême proposée trouve son origine dans de bonnes intentions. Car finalement, privé de la liberté de choisir, l’homme ne s’épargnera-t-il pas bien des dangers pour lui comme la société ?
Souvent la dystopie est considérée comme un genre d’anticipation où l’auteur cherche à prévenir sur les risques qu’il existe à suivre certaines idéologies en oubliant dans le processus l’être humain et sa capacité à s’adapter à son environnement. Ces romans portent également la marque des inquiétudes qui animent une époque : disparition des libertés au profit de dictatures, disparition de la culture… Bref, de quoi faire froid dans le dos.
Les romans dystopiques à lire
On l’évoquait plus haut : 1984 de George Orwell est l’incontournable de cette sélection. Bien que daté de 1949 et ayant dépassé depuis bien longtemps la date à laquelle se déroule l’action, il est difficile de ne pas voir avec quelle véracité l’auteur a su anticiper le monde que nous connaissons. La simple lecture de cet ouvrage devrait vous faire voir les informations autrement : télésurveillance, réécriture de l’histoire, pyramide sociale proche de bien des réalités…
On pourra citer également Fahrenheit 451 de Ray Bradbury et paru en 1953. Ici, le contrôle de la population ne passe pas par une omniprésence politique mais tout simplement par l’atrophie de l’intelligence et de la culture par la destruction systématique des livres. A la place de la lecture, télévisions géantes et autres gadgets électroniques sont l’objet de toutes les attentions à tel point que les citoyens s’endettent sans soucis pour acheter le dernier produit à la mode laissant ainsi toute latitude au gouvernement pour diriger le pays comme il l’entend. Un peu trop proche de la réalité, n’est-ce pas ?
Enfin, Le Meilleur des mondes de Aldous Huxley (1932) dépeint justement tout le contraire dans un monde eugéniste et lui aussi tourné vers la consommation à outrance qui occupe les esprits sans aviver de tensions, facteurs d’instabilité sociale. De la même manière, difficile de ne pas voir le parallèle entre la France, premier pays consommateur d’antidépresseurs, et l’univers du roman où une drogue aux effets équivalents, le soma, est distribuée aux citoyens pour leur éviter d’être malheureux.
Et comment clôturer cette petite présentation sans évoquer la nouvelle vague qui fait les beaux jours de la littérature adolescente et du cinéma. The Hunger Games s’appuie sur un monde totalitaire qui fait s’affronter chaque année des adolescents issus de tous les « districts » qui le compose ; Uglies critique de son côté la culture du paraitre en présentant un monde où tous subissent une opération chirurgicale sensée les rendre parfaits tout en affectant leur réflexion ou encore Divergent qui divise la société en factions dans un monde replié sur lui-même.
Bonne lecture et surtout, ouvrez votre esprit en lisant, sans quoi vous n’aurez le droit qu’à une histoire dépaysante dans un univers fantaisiste.